La cachette de Melodie

Je venais de quitter la plaine. Le premier endroit où j'avais pensé me cacher, pour oublier ma gêne, avait été la bibliothèque. Plus qu'un endroit où j'aimais apprendre, c'était un endroit où j'aimais venir pour simplement m'asseoir et observer la quantité impressionnante d'ouvrages entreposés là. Je pensais souvent à toutes sortes de choses qui ne me venaient à l'esprit que lorsque j'étais ici. Assise sur un des bancs de la bibliothèque, je commençais à me calmer. Je ne me sentais toujours pas tranquille. Je me levais et partie m'asseoir sur le sol en pierre froid dans un recoin sombre du rayonnages traitant de la philosophie des anciens sages du continent. La pénombre m'enveloppa et le calme revint en moi. Lorsque je pus récupérer le contrôle de mes membres, je me levais et attrapais un des livres. Le premier qui me vint sous la main. Son titre: "L'ouverture de l'esprit et le contrôle de soit". Je pestais:
-Ah elle est bonne votre blague mes seigneurs! Bravo! Depuis quand vous moquez vous de vos mortels?! De toutes façons rien ne va jamais pour moi! J'en ai marre de réagir toujours par la fuite! Maintenant je ne vais plus jamais rougir! Je trouverais un moyen de vaincre la timidité et d'être courageuse dans la vie!
Sûre de ma bonne résolution, je reprenais ma place à l'ombre de l'étagère et ouvrais le livre que je commençais à lire. Ne voyant pas le temps passer, je loupais l'heure du repas et restais là jusqu'au milieu de l'après-midi. Sereine après mon isolement, je me levais et emportais le livre avec moi pour trouver un meilleur endroit de réflexion.

Je me baladais dans les couloirs, en sifflotant un air entêtant. J'étais d'une humeur gaie ce soir et j'avais envie de m'amuser. Une grande fête ne m'aurait pas fait de mal. C'était un de ces soirs ou j'étais intenable et où je ne pouvais pas rester sans bouger une seconde. J'avais tellement besoin de me dépenser mais le combat n'était pas ce qu'il y avait de mieux dans ces moments là. Par contre, je m’ennuyais ferme. Même un tour de la campagne avec Keanan, mon cheval ne me disait pas. J'étais déjà aller lui rendre visite et maintenant je me sentais seul et inutile. Gold mangeait sur son perchoir dans la chambre et en général, il ne fallait pas l'embêter pendant son repas. Je passais devant la bibliothèque et vis des silhouettes plongées dans la pénombre qui lisaient à la faible lueur des bougies. Comment pouvait-on rester des heures assis à bouquiner, je ne le comprenais vraiment pas. Je vis alors une personne devant moi. Je reconnus immédiatement ma sœur d'arme, Mélodie à ses cheveux blonds tombants en cascade dans son dos. Elle marchait d'un pas à la fois assuré et curieux. Elle semblait chercher quelque chose. Elle tenait quelque chose dans sa main et je ne pus distinguer ce que c'était que lorsqu'il tomba. C'était un livre. Sans le faire exprès elle l'avait fait tomber et il avait heurté le sol avec un bruit sourd résonnant dans tout le couloir. Elle se retourna sans me voir mais je pus aisément distinguer son air décidé. Je me précipitai vers elle pour l'aider à ramasser son livre.
- Salut, Mélodie, lançai-je, tu vas bien ce soir?
Je me souvins alors que je ne l'avais pas vue au repas.
- Tiens, je ne t'ai pas vue dans le hall des chevaliers tout à l'heure. Où étais-tu?

Plongée dans mes pensées, je faisais danser le livre entre mes doigts, dans un mouvement maladroit je le fis même tomber. Je voulais le finir le plus vite possible et ne comptait pas m'arrêter. Soudain, je vis une main ramasser mon livre et fut surprise de retrouver des bottes devant mes yeux. Me relevant, je reconnus Kean, il portait le magnifique sourire qu'il avait dans les jours où il était "intenable". Contente de le voir si enjoué, je reprenais mon livre et lui rendis son sourire en l'écoutant.
-- Salut, Mélodie, lança t-il, tu vas bien ce soir? Tiens, je ne t'ai pas vue dans le hall des chevaliers tout à l'heure. Où étais-tu?
-Bonsoir! oui merci, je te demanderai bien comment tu vas, mais le sourire que tu arbores me répond clairement. Je suis désolée de vous avoir fait faux-bonds. Je n'ai rien raté au repas j'espère?

J'étais si enfermée dans mon idée de lire et de retirer des leçons de ce livre, que je n'avais pas pensé à aller manger. Pourtant, le seul fait de voir mon frère d'armes avec un si beau sourire m'avais fait du bien et je songeais que j'aurais dû aller voir mes amis et leur parler de mes soucis. Chassant ces pensées, je me rappelais que je n'avais toujours pas préparé mes affaires pour l'expédition.
-Au fait, tu as préparé ton sac pour l'expédition? Tu viens n'est-ce pas? Je n'ai toujours pas fait le mien...
Gênée d'avoir autant parlé, je me tus en attendant la réponse de Kean. Je baissais la tête mais me rappelant de ce que j'avais lu, je relevais mon visage rougis, et le regardais. Pas dans les yeux mais j'avais au moins la tête levée, c'était un petit pas mais pas des moindres.

- Bonsoir! répondit ma sœur d'armes. Oui merci, je te demanderai bien comment tu vas, mais le sourire que tu arbores me répond clairement.mon sourire s'élargit encore plus. Je suis désolée de vous avoir fait faux-bonds. Je n'ai rien raté au repas j'espère?
- Non, non ne t'inquiète pas. Rien de nouveau, la routine quoi.
J'hésitais à lui parler de l'expédition sur Osantalt. Je ne savais plus si elle venait ou non et si ça n'était pas le cas, mieux valait ne pas ébruiter l'affaire. Mais c'est alors qu'elle me demanda.
- Au fait, tu as préparé ton sac pour l'expédition? Tu viens n'est-ce pas? Je n'ai toujours pas fait le mien...
Je poussai un soupir discret de soulagement. Elle venait et je n'avais rien risqué. Par contre elle ne devait pas parler si fort, les mûrs des couloirs avaient des oreilles et ça aurait put tomber dans celle de n'importe qui.
- Chut, ne dis pas ça tout haut. chuchotai-je. Si quelqu'un nous entendait, on pourrait nous empêcher de partir. Elle baissa la tête, gênée. J'aimais bien son petit côté timide typiquement féminin. C'était parfois agaçant, mais à certains moments comme maintenant, c'était mignon. Malheureusement elle releva rapidement la tête et malgré le rouge qui teintait encore ses joues elle semblait empreinte d'une nouvelle vivacité.

-Chut, ne dis pas ça tout haut. chuchota Kean. Si quelqu'un nous entendait, on pourrait nous empêcher de partir.
-Pardon...Je ne savais pas que c'était secret. Je ferais attention maintenant!

Consciente qu'il avait les yeux rivés sur mes joues rouges, ou peut-être trop paranoïaque, je décidais de détourner le regard. Je lui parlais sans même tourner la tête vers lui. A présent, je chuchotais.
-Je devrais aller faire mon sac alors... A bientôt Kean.
Je baissais de nouveau la tête et cachais mon visage avec mon livre. Je commençais à partir, sans me presser, pour avoir l'air naturelle.

[je réponds demain, je vais roupiller, bonne nuit]