De nouveau écuyer

La porte du château. Elle me faisait toujours le même effet. Comme quand je la franchissais avec Kathy, mon ancien maître. Athya siffla et je la rassurais d'une caresse.
-Oui! Ne t'en fais pas ma belle. Avance plutôt!
Elle continua. Elle aurait continué même si je lui avais ordonné de faire demi tour. J'entendis ses sabots sur le bois craquant du pont levis. Je vis alors l'intérieur, la cour, emplie de poussière, de chevaliers, d'écuyer, de monde, de paysans, tant que je crus que personnes ne m'avait remarquer dans le lot. Je descendis et gratifiais ma belle jument d'une longue et douce caresse qui lui arracha un joli cri. Je ris et redevins impassible. Après l'avoir longuement toiletté et laissé dans le pré, je quittais Athya pour aller dans un coin reculé de la cour, cherchant ce que j'allais faire pour m'entraîner.

Je laissais Emillyana dans l'ombre des remparts et cherchais un coin de la cour encore éclairé par le soleil couchant pour lire le livre que l'immortelle m'avait donné. Je m'assis sur la barrière de l'enclos et sortis l'ouvrage de ma sacoche. Je l'ouvrais et lu la première phrase. Je m'arrêtais en entendant le bruit d'une lame fendant l'air. J'en cherchais la provenance et vis une jeune fille en plein entraînement. Je rangeais mon lire et m'approchais pour l'observer sans me faire voir.

Je frappais un coup à gauche, un coup à droite, mes yeux jaunes cherchant comment trancher le bras amovible du pantin de bois. Je portais un coup haut, continuais sur une jambe, visant les "jambes" du pantin qui se résumait à un tronc de bois que j'identifiais comme du chêne. Je tournais sur moi-même, fis mine de bloquer une attaque imaginaire et tandis l'épée pour qu'elle tranche le pantin. Elle ne fit que rebondir sur le bois, me déséquilibra et me fit tomber. En fait, j'allais réussir à tomber toute seule. Énervée car ce n'était pas ma première défaite contre le vide, je me relevais et lançais la lame sur le mannequin. Puis flanquais un coup de pieds dans le bois dur. La douleur arriva de suite et me fit monter les larmes aux yeux.
-ça m'énerve! M'énerve! M'énerve! ça m'énerve!!
J'avais hurler. Cela me fit du bien.

La jeune fille fit tourner la lame habillement. A la suite d'un faux mouvement, elle faillit perdre l'équilibre. Elle s'énerva. Je m'approchais encore et lui dis d'une voix calme:
-Tu dois garder le coude lever avant de frapper.
Elle sursauta et darda son regard sur moi.

Dans ma fureur, je n'avais pas vu l'ombre se dessiner à mes cotés. Une voix s'éleva et je me retournais prête à hurler qu'on me laisse tranquille, quand je remarquais que j'étais face au chevalier Mélodie d'Emeraude. Je m'inclinais avec respect comme me l'avait appris Lady Kathy. Le coude plus haut. Mais... Si elle savait que j'avais pas le lever le coude assez haut, elle avait vu aussi que je m'étais emportée, ce qui ne faisait pas très écuyer. Je mordillais mes lèvres, dansais d'un pied sur l'autre, sentis mes oreilles très légèrement plus longue que celle d'un simple humain devenir pivoine et faisais voyager mon regard jaune des yeux du chevalier au sol pour revenir aux yeux de Lady Mélodie.
-Le...le coude toujours levé, répétais-je. D'accord! Merci! Je vais essayer!
-De suite, me dit-elle. Montre moi!
-Oui!
Trop heureuse qu'un chevalier me donne de nouveau des ordres autres que baisser me regard bizarre ou de déguerpir alors que je regardais leur leçon, je m'exécutais avec un sourire et une étincelle de plaisir dans mon regard. Je me remis dans ma position de départ. Je refis tout un par un et cette fois-ci je tins debout.
-yyyyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhh!!!! Hurlais-je. ça marche!! (je me stoppais et regardais le chevalier) Je... Désolée de m'emporter! Pourriez vous, si vous en avez le temps, me montrer de nouvelles passes?
Je la regardais.

Elle parut confuse. Je tentais donc de la mettre à l'aise et lui ordonnais de recommencer son exercice. A la fin, elle me demanda de lui montrer d'autres passes. Je dégainais mon épée et lui intima de reculer.
Je me mis en face du pantin et frappais du filet de mon épée et tournais sur moi-même pour le frapper de ma botte et finis par lui asséner un coup d'épée à la fin de ma rotation et le décapiter. Je fis tourner l'épée dans ma main et rangeais mon arme pour lui sourire enfin.

Je la regardais, ne pouvant plus détacher mon regard d'elle. Elle se battais avec grâce et légèreté en ajustant à merveille ses coups. J'avais l'impression de voir Lady Kathy en le chevalier qui se tenait en face de moi. Une soudaine envie de lui demander de faire de moi son écuyer s'empara de moi. Je la refoulais mais elle revient plus grande.
"Allé ma vieille! Un petit effort. Ce serait pas la première qui refuse et c'est quoi un refus de plus? Quasi rien....Juste le 14ème...Allez! A trois tu lui demandes! Un! "
Automotivation, c'était parfois le seul truc qui marchait. Me forçait moi-même à parler!
"Deux!"
Dans c'est cas-là, je maudissais ma faiblesse, je me maudissais, mais je savais que sinon je ne dirais rien.
"Trois!"
C'était partit!
-Lady? Euh...Euh... hésitais-je encore un peu, Vous-vous-battez-comme-Lady-Kathy-le-faisait-je-voudrais-savoir-si-vous-pouviez-faire-de-moi-votre-écuyer-malgré-la-présence-de-Emillyana-à-vos-côtés?
J'avais lâché tout ça d'une traite et reprenais mon souffle.
"Si elle dit non ne craque pas!", m'ordonnais-je intérieurement.
Je la regardais fixement dans les yeux puis baissais les miens, attendant avec une demie impatience sa réponse.

Je fus surprise par la demande, ne sachant ce que je devais faire. Je pensais un instant à m'agenouiller à sa hauteur mais me ravisais. C'était une courageuse jeune fille et je devais la traiter en qualité de futur chevalier. Je m'approchais donc et posais une main sur son épaule.
-Jamais je ne la remplacerai! Rien de ce que tu apprendras ou vivras avec moi ne sera de la même teneur que ce que tu as connus avec ton maître. Le sais-tu?

Elle commença alors à parler. Des mots, pas les mêmes que ceux prononcés par d'autres mais qui leur ressemblaient. Mon cerveau me hurla de m'enfuir mais quelque chose dans mon coeur me poussa à continuer. Pour une fois, je l'écoutais. Je regardais le chevalier et hochais la tête.
-Oui, Lady! Je sais que ça ne sera pas pareil mais si je suis tout seule...
Je laissais planer ma phrase.

Je la voyais découragée. Cette petite me semblait être un futur chevalier prometteur et une élève parfaite. Je tendis les bras vers elle, attendant qu'elle les serre à la manière des chevaliers.
-Je serai ton maître jeune fille! Je m'engage à t'apprendre tout ce que je sais. Mon temps sera partagé entre Emi et toi mais mon savoir sera entièrement votre! Si tu acceptes alors nous irons parler à Enelia!
J'attendis, les bras toujours tendus.

Elle me tendit les bras. Je les regardais un instant. Elle me parla. Elle me dit qu'elle voulait bien de moi comme écuyer. Mon coeur déborda de joie et je lui attrapais les bras.
-Merci! Merci! Je veux bien! Merci! Merci!
Je me mis à rire de joie. Je lâchais les bras du chevalier et tournais sur moi-même en criant et en riant. Puis enfin me stoppais.
-Désolée! Je suis vraiment! Euh... La joie....
Je fis un drôle de sourire, mes yeux riant pour moi.

La jeune fille hurla et tournoya. J'avais bien connu son ancien maître Kathy. Cette jeune fille, dont le nom me semblait être Ana, darda son regard étrange sur moi. Pris sa main et la tirais vers le réfectoire, espérant y trouver Enélia.
-Viens Ana! On va faire de toi un écuyer!

"Ana ma vieille, tu as trop assuré!". Auromotivation. J'aimais ça! Lady Mélodie me prit la main. Un instant je songeais à lire son esprit pour savoir où nous allions puis me rappelant les règles légèrement oublier en 1an, je renonçais à mon projet.
-Lady? Où allons nous?
Mon estomac se mit à crier et rougissant, je m'accrochais au bras musclé de mon nouveau maître, toute sourire.

Je souris en entendant son estomac gargouiller.
-On va aller voir notre chef...Peut-être se trouve t-elle au même endroit que le dîner que tu réclames!
Je sortis un gâteau sec de ma sacoche et le lui tendis.Elle l'avala goulument et me regarda, quelques miettes étalées sur ses joues.
-Tu en as partout Ana! C'était un gâteau! Pas de la peinture de guerre!
Elle s'essuya le visage du revers de la manche et je la poussais à vers le réfectoire en riant.

-On va aller voir notre chef...peut-être se trouve t-elle au même endroit que le dîner que tu réclames.
Je rougis, toujours accrochée à son bras. Elle sortit de sa poche un gâteau et me le tendit. Je m'empressais de l'avaler pour faire taire mon ventre et tournais un sourire vers elle:
-Merci Lady!
-Tu en as partout Ana! C'était un gâteau, me gronda-telle gentillement avant de continuer. Pas de la peinture de guerre!
Je me remit à devenir rouge pivoine puis enlever les miettes de mon visage pendant qu'elle se mit à rire. Elle me poussa vers le hall des chevaliers et j'entendis un long piaffement. Je manquais de rire en interprétant les paroles de ma jument qui, heureuse pour moi, venait de crier sa joie en effrayant les autres chevaux. J'avais enfin un maître. J'étais décidément la plus heureuse au monde. Soudain je perdis mon sourire:
-Lady! Êtes-vous sûre de vouloir reprendre ma formation, alors que pendant un an je n'ai pas été formé donc je me suis pris pleins de défauts, que j'avais pas de maître à qui obéir, et que vous avez déjà un écuyer?